mercredi 15 décembre 2010

Sata 11 Arme à feu

Parue dans le Sata numéro 11 de novembre, avec pour thème "arme à feu"



« Le chargeur est vide »



Le van cahota une dernière fois et se gara dans la boue. Je découvris par la fenêtre que nous nous étions arrêtés sur un terrain vague. « Tu es sûr qu'il est ok ? » entendis-je, provenant de l'avant. « C'était un marine, mec, bien sûr qu'il est ok ! », répliqua-t-on. Hier encore, j'étais dans ma caravane, lorsqu'ils étaient venus toquer à ma porte pour me proposer un job simple : il suffisait de les accompagner pour tenir en respect les clients d'une banque.

Le leader descendit en premier et je l'aidai à sortir une malle du véhicule. Le ciel était lourd et chargé. « Y'a tout là-dedans. Tout ce dont on a besoin », expliqua-t-il, en soulevant le couvercle. Tout en distribuant les armes, le meneur me sourit : « j'ai un cadeau pour toi, mon pote. J'ai galéré pour le trouver, mais ça devrait te plaire ». Il me tendit alors un fusil, enrobé dans une couverture. Je libérai l'arme et découvris un M4. Mes yeux s'écarquillèrent. Ça me plaisait. Mes doigts la parcoururent. C'était elle... Lorsque je levai les yeux, je vis des vagues de chaleur dilater l'horizon. Mon regard rencontra un soleil acéré, brûlant, qui m'éblouit.

Lorsque je rouvris mes paupières, nous étions dans le van à nouveau. Devant un grand bâtiment, il bifurqua et vint s'arrêter dans une ruelle adjacente. Je n'avais aucune tension, je ne sentais aucun stress. Je souris avec assurance et calai sous mon aisselle le fusil. Nous entrâmes dans la banque déjà masqués. Le hall était immense et illuminé. Les gens se mirent à hurler, mais ils furent bien vite réduits au silence par un coup de tonnerre. Je sursautai. Une des armes avait craché une rafale. Un braqueur grimpa sur une table et se mit à hurler mais je n'entendis rien. Les coups de feu m'assourdissaient, ils se poursuivaient, ne cessaient plus.
Je vis le sol se mettre à vibrer, dans le fracas des balles. Les dalles se soulevèrent et laissèrent alors se répandre du sable. Il se déversa à mes pieds comme une vague échouée sur mes bottes et fut parcouru d'un remous qui l'étala tout autour de moi. La masse jaune ne cessa d'enfler, d'engloutir les guichets et les bureaux.

Je levai la tête et ne trouvai plus le plafond, mais un ciel dégagé et aveuglant. Le désert était à présent partout. Je perçus alors le passage assourdi des rotors, le cliquetis grinçant des chenilles et l'écho de cris pressants, au loin. Et soudain, une pluie de feu. Quand mon doigt pressa la détente, mon M4 ne pesait plus rien.
Les policiers entrèrent quand le bruit des tirs s'interrompit. Je lâchai mon arme. Je voulus dire quelque chose. Je voulus leur dire quelque chose. « Ils sont tous morts ». Mais quand j'ouvris les lèvres, un goût ferreux m'envahit la bouche et je vis en dégringoler des balles, longues et pointues, qui tintèrent en heurtant le sol. J'entendis un policier ramasser mon fusil et dire :

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